La performance peut s’évaluer selon deux dimensions : l’efficacité et l’efficience.
A cela s’ajoute pour le compétiteur le respect des règles gestuelles de sa discipline pour aboutir au meilleur score. Ces contraintes réduisent d’autant le degré de liberté de mouvements.
(Cet article a été inspiré en partie par les publications de Jean-Pierre Famose, responsable du Laboratoire de Psychologie du Sport de l’Institut National du Sport et de l’Éducation Physique, Professeur des Universités à l’Université Paris XI-Orsay et membre du Centre de Recherche en Sciences du Sport de l’UFR scientifique d’Orsay.)
La performance sportive nécessite un entrainement selon trois plans bien distincts avant de pouvoir les combiner :
Il s’agit :
- de la préparation physique pour améliorer l’efficacité
- de la préparation technique pour renforcer l’efficience
- de l’assimilation de procédures gestuelles et règlementaires prescrites par la discipline
Profils de progression en musculation et apprentissages moteurs :
Comme en préparation physique, en musculation sportive ou d’entretien, on travaille essentiellement l’efficacité. Il est donc indispensable de sortir du répertoire habituel d’exercices. En mettant en difficulté la motricité, dans des limites raisonnables, les qualités physiques, et même psychologiques et cognitives sont alors fortement sollicitées.
On a recourt aux mouvements familiers sur-appris et aux répétitions standardisées qu’en guise de récupération ou d’exercices de fin de séance.
Ceux-ci maîtrisés techniquement sont devenus trop efficients. Ils limitent les chances de progresser en neutralisant les possibilités d’effort nécessaires aux nouveaux apprentissages.
Bien-sûr durant les deux ou trois premières années d’une pratique suffisante, des séances stéréotypées permettent un gain.
En partant de zéro, un débutant qui augmente sa charge d’entrainement gagne en performance. Le profil de progression ressemble à la courbe C1. Les progrès sont d’abord rapides puis décélèrent pour finir par stagner prématurément et définitivement.
Ce plafond de progression dans les sports de force et de musculation est souvent lié à un déficit d’habiletés motrices. Pour un coach, le but est alors de les accroitre en nombre et en qualité.
Les nouvelles stratégies de progrès sont parfois difficilement acceptées par un ancien pratiquant ou confirmé. Il perçoit une modification d’exercice comme une régression. Alors que le coach y voit une étape de rupture d’automatismes pour ensuite travailler un geste plus prometteur.
Le profil de progression ressemble alors à la courbe C2. Les progrès sont d’abord lents puis finissent par s’accélérer. Ensuite après cette phase, la courbe de progression reprend une allure de type C1.
Aussi, sur toute la période, l’évolution de la performance en fonction du temps aura l’apparence d’une courbe dite en ogive de type C3.
En fin de C3, l’exercice est efficient et technique ; le pratiquant s’est adapté. Il est alors temps de repartir sur un nouvel apprentissage moteur. Selon Paillard (1990), l’apprentissage est un processus actif d’adaptation.
Pour que l’on puisse parler d’apprentissage il est nécessaire d’induire :
- un changement de comportement moteur (approche behavioriste)
- des schémas d’exécution (approche cognitive et psycho sensorielle)
- des interactions entre le pratiquant et son environnement (approche écologique)
Pour que l’on puisse également parler d’apprentissage, celui-ci doit-en plus être durable. Les améliorations temporaires d’habiletés motrices ne peuvent pas être assimilées à des progrès consolidés
L’apprentissage d’une habilité motrice nécessite pour l’apprenant :
- une image claire du but
- une sélection des stimuli régulateurs (points d’appuis, consignes, réglage des machines guidées, configuration des consoles de programmation de certaines machines)
- une identification de la situation dans son environnement (forces de gravité, de masse et d’inertie, position et placement du corps)
- une prédiction des évènements au moyen d’indices observables (visibles, ressentis…)
- une détermination des réponses attendues (perceptives, décisionnelles, effectrices)