1ère exemple : Le demi tendineux, muscle ischio-jambier, part de l’ischion pour se terminer sur le tibia au dessous du genou. Il effectue une extension de la hanche et une flexion-rotation interne du genou (lorsque celui-ci est en flexion).
2ème exemple : le biceps brachial, par son chef externe réalise une antépulsion, une légère abduction du bras (épaule), et une flexion-supination de l’avant-bras (coude).
Par son action le biceps brachial configure le système épaule/bras/avant-bras pour faciliter la tâche aux muscles mono-articulaires (coraco-brachial pour l’antépulsion du bras, brachial antérieur pour la flexion du coude, etc…).
Au cours de sa contraction, le biceps brachial change dynamiquement la géométrie de l’ensemble musculo-squelettique du membre supérieur
En conséquence, il modifie :
- en continu l’angle d’attaque des muscles animant le membre supérieur. Ce qui implique une variation permanente des moments des forces des muscles
- le rapport tension / longueur déterminant pour la force
- par translation, la position des axes de rotation des articulations croisées
Cela a pour effet :
- d’assister les muscles mono-articulaires en améliorant leur rendement. Ils sont les principaux moteurs des leviers adjacents à l’articulation qu’ils mobilisent.
- d’économiser du même coup l’énergie à la production du mouvement
- d’accélérer indirectement certaines articulations non croisées
- de transférer de l’énergie à des segments distants et non adjacents
Rien que sur l’exemple du biceps brachial, on peut imaginer un entraînement bien plus sophistiqué (la sophistication n’étant pas une fin en soi mais souvent nécessaire) que de simples flexions de coude. Aussi, aucune machine guidée n’est en mesure d’accompagner fidèlement un muscle capable d’une telle complexité de mouvements. Pour autant, les appareils verrouillant les trajectoires ne sont pas à bannir. Au contraire, ils sont extrêmement utiles pour de multiples raisons. Ils permettent par exemple de finir une séance sur des muscles trop fatigués en stabilisant les articulations…
Mais rester toujours sur des rails, ou dans des répertoires de mouvements limités, c’est se priver d’une partie du potentiel de l’entraînement. Par exemple, Pour renforcer efficacement un biceps brachial, il faut chercher à le faire dans tous les degrés de liberté des articulations croisées. C’est-à-dire, pour le biceps brachial, dans la totalité du cône de circumduction de membre supérieur (voir image ci-contre).
C’est encore plus important en préparation physique. En ce domaine, la charge, le rythme de travail, les régimes de contraction musculaire, font souvent partis du programme du sportif. Par contre l’analyse biomécanique du geste technique sert rarement de support à l’entrainement physique. Pourtant, il est évident qu’un biceps brachial d’un rameur n’effectue pas la même course que celui d’un lanceur de javelot…. A haut niveau, où chaque détail compte, il faut pourtant ne rien négliger.