La hanche du basketteur
Selon Gomez, au basket, 5 à 9 % des blessures touchent la hanche (étude réalisée sur des sportifs en âge scolaire – Gomez E, DeLee JC, Farney WC. Incidence of injury in Texas girl’s high school basketball. Am J Sports Med 1996 ; 24 : 684-7.).
Au basket, la capacité de résistance du cartilage de la hanche peut-être dépassée (16 à 20 kg / cm² normalement – La hanche du sportif par Christian Mansat, Aymard de Ladoucette).
Avec une mauvaise gestion de l’entrainement, les fortes contraintes mécaniques (compressions et cisaillements) peuvent faire souffrir le cartilage et l’os sous-jacent. De plus, avec une articulation fatiguée, les ligaments assurent difficilement leur rôle de stabilisateur statique. Les centres instantanés de rotation de l’articulation se modifient alors anormalement; ce qui produit de nouvelles contraintes…
La hanche une articulation souvent fragilisée car surmenée
Chaque année, 80000 prothèses de hanche sont posées (Faculté Xavier Bichat – 2004). La principale indication à cette intervention chirurgicale est l’arthrose. Plus de 8 millions de Français sont atteints par cette maladie qui touche les articulations et plus précisément, le cartilage.
Pourquoi une telle charge s’applique – t’elle sur la hanche porteuse ?
Les basketteurs sont de plus en plus grands, puissants, rapides et véloces. Ils enchainent courses, pivots, sauts et réceptions qui peuvent multiplier par 8 la charge du membre porteur. Au sein de la hanche, les effets levier qui démultiplient les forces sont considérables.
Le modèle de la balance de Pauwels, permet de mieux comprendre le phénomène. Il a un rôle essentiellement pédagogique.
La balance de Pauwels (voir la vidéo ci-dessous réalisée par RB Physio) : explications
En résumé…
En appui bipodal (sur les 2 pieds) chaque hanche supporte environ la moitié du poids corps (hors membres inférieurs). En appui monopodal (sur un pied), le poids du corps en charge est celui du corps moins le membre portant. La ligne gravitaire verticale est alors déplacée d’environ 5 cm vers le membre porté.
C’est principalement, le moyen fessier du côté porteur qui agit alors pour maintenir l’équilibre. Le point de balance est le centre de la tête fémorale. Par rapport à celui-ci, le bras de levier du moyen fessier est trois plus court que celui de la ligne de gravité du corps.
Il doit donc générer une force égale à 3 fois le poids du corps (moins bien sûr le poids du membre porteur). Les 2 forces (moyen fessier et gravité) s’additionnent pour exercer une pression sur la tête fémorale équivalente à 4 fois la force de gravité.
Le muscle moyen fessier
C’est un muscle en éventail tendu de la fosse iliaque externe au grand trochanter (grande tubérosité du fémur). Il est principalement abducteur de la hanche et légèrement rotateur interne de la cuisse par ses fibres antérieures et rotateur externe par ses fibres postérieures. La paralysie ou la faiblesse du moyen fessier est très caractéristique et se manifeste par le signe ou la boiterie de Trendelenburg. Il s’agit d’une bascule du bassin controlatéral (opposée) du côté atteint du moyen fessier.
Renforcement musculaire du moyen fessier
En préparation physique du basketteur, le renforcement musculaire du moyen fessier est primordial. Mais, il faut être prudent, compte tenu de ce qui a été dit plus haut, pour ne pas surmener la hanche. Une douleur à l’aine, comme ailleurs, est un signal d’alarme à respecter. C’est encore plus vrai lorsque le sportif est un sénior, en surpoids, et travaillant toujours la hanche de la même façon.
Par exemple s’il fait exclusivement des squats, il tend à enraidir et fragiliser son articulation. En effet, le squat ne sollicite pas la rotation interne, ni l’abduction, ni l’adduction, ni l’extension complète (elle n’est que partielle) de la cuisse.
La sollicitation efficace et localisée du moyen fessier n’est pas facile. Souvent l’abduction de la cuisse entraine prématurément une latéro-version du bassin. Le pratiquant ne dissocie pas suffisamment les deux « charnières » : hanche et thoraco-pelvienne.
Généralement, il faut passer par un apprentissage moteur de l’abduction de la cuisse sur un bassin maintenu fixé.
D’autres facteurs moins évidents peuvent limiter l’efficacité des exercices. Ils sont morphologiques : coxa-vara, coxa-valga, proéminence du toit du cotyle / grand trochanter du fémur, volume des fessiers, taille du bassin selon le sexe etc…
Bref, exercer efficacement le moyen fessier, ce n’est pas simple. Pour y parvenir, il faut être formé ou être aidé par un professionnel.
Quelques recherches m’ont éclairées sur les spécificités de ce sport.
Claude Falguière, ancien basketteur de haut niveau et enseignant à l’Université me sert actuellement de référence. Ses explications à propos des déplacements (démarquage, croisement, passe-et-va, dribble, tir, ) du joueur sont très instructives et détaillées.
Il montre que le basketteur doit effectuer les changements de direction et d’orientation rapides des pieds pour se propulser immédiatement dans la direction voulue.
Il s’agit alternativement :
- de régler sa position sur le terrain (centre, avant, arrière, latérale),
- de laisser la voie libre au dribbleur de son équipe
- de faire du corps un obstacle pour les adversaires
- de recevoir le ballon avec des appuis orientés vers la cible pour prendre de vitesse le défenseur ayant des appuis généralement vers le ballon.
- de régler la distance entre lui et le défendeur adverse
- de changer la vitesse de course au bon moment en créant un espace favorable à la réception
- de libérer les bras de l’acte automatique de la course pour organiser une posture d’attraper
- d’occuper les espaces latéraux pour préparer des alternatives de passes (receveur potentiel)
- derester en soutien au centre pour aider à la conservation du ballon